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Baïfall Dream au salon Who's next
Édition du 22-05-2011
 
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Voyages

1er juillet 2009

Bolivie, terre de contraste

Mes très chers amis Depuis les dernières nouvelles, j’ai quitté le lac légendaire Titicaca, l’île du Soleil où d’un village perché sur les hauteurs, je me suis imprégnée des forces profondes des civilisations disparues.

Un vieil homme en poncho de laine de lama m’a confié qu’il y a très longtemps existait une autre île sur le lac dont le peuple Inca s’était emparé, une île qui a aujourd’hui disparu, noyée au fond des eaux...Elle recèlerait de fabuleux trésors.

Je suis arrivée à La Paz, ville tourbillonnante qui repose dans une cuvette bordée de volcans aux sommets de neige. Les rues serpentent vers les hauteurs et dégringolent, on a le vertige, le mal de mer, à 4000 mètres, le froid se lève avec le crépuscule, une foule incessante grouille, on traverse des marches colorées de fruits et de légumes et aussi celui si fascinant des sorcières qui offrent amulettes en tout genre et plantes protectrices. Je m’arrête devant une échoppe d’une vielle chaman ridée comme un soleil.
Sur l’étale, des oiseaux séchés, des figurines aux symboles bénéfiques, des gateaux peints pour la Pachamama. Dans un sourire édenté, elle me présente une fiole multicolore dans laquelle trempent herbes et petits objets de bon augure. Elle m’ avoue d’un regard perçant qu’elle possède tout l’attirail pour l’amour, la chance et le succès. Elle m’offre un hibou pour la sagesse, une grenouille pour la fécondité et un serpent pour l’intelligence. Son regard me perce, elle devine mon enjouement, je ne peux résister.
J’achète toute la palette des amulettes de tradition andine alors que d’un ton théâtral, la vieille sorcière me promet le bonheur.

Je poursuis mon chemin, m’aventure dans le formidable désert de sel, "Salar de Uyuni", une immensité blanchâtre entourée de lagunes pures, de roches étranges et de cactus géants. J’apprends que Salvador Dali a crée ses "déserts" inspiré par cette infinité fabuleuse et vierge. Le soleil orange s échoue dans les sables d’or, je grimpe sur une montagne avec un jeune homme charmant qui m’entraîne admirer le couchant.
Le vent se lève, il fait très froid, c’est l’hiver ici, je grelotte et pleure de froid, le jeune homme me console puis nous dévalons la colline sous une pluie d’étoiles qui semblent nous tomber sur la tête.
Nous buvons du vin dans un gîte perdu sur une mer de sable. Je suis saoule et sors marcher à la lueur de la lune, le ciel est divin, il semble toucher terre, je parle aux astres, les lumières brillent, je ris, je tombe sur une roche, je m’écroule puis m’endors dans une vastitude vertigineuse à -10 degré, dans un état extatique.
Le jeune homme me cherche partout, a peur que je meurs de froid et me ramène à bon port.

A l’aube, des geysers crachent d’épaisses volutes, nous roulons jusqu’ à la frontière avec le Chili, une lagune verdâtre scintille au loin, des flamants roses s’envolent, je réalise que j’ai presque traversé tout le continent, dans une absolue errance.
Il me reste peu de jours, le compte à rebours a commencé, alors je me dirige vers les terres amazoniennes pour y dénicher impressions et secrets.

Une pirogue m’entraîne sur les eaux tranquilles de la jungle flottante, tout est inondé par la saison des pluies, des caïmans braillent, des dauphins roses suivent la vague d’étrave, nous descendons à terre à la recherche d’un anaconda, le piroguier le repère à l’odeur, il l’attrape par la queue, la bête fait 3 mètres et s’agite de rage.
Nous remontons à bord pour pêcher des piranhas, le ciel gris tombe sur les eaux, je suis trempée, je me demande soudain ce que je fais ici, dans une savane inondée à la porte du poumon du monde, à accrocher des morceaux de viande à un hameçon...

Je pars sur la route de la mort, terrible et belle. Dans un village perdu, je rencontre un chaman qui m’offre une séance curative à la feuille de coca qu’il me frotte comme un savon sur tout le corps devant un fleuve furieux. Je rentre à La Paz.
Je rencontre un psychothérapeute passionnant en dépression qui m’invite à dîner tous les soirs car mes aventures le sortent de sa torpeur.
Pourtant je lui avoue qu’une tristesse m’envahit, un babybluse, d’avoir traversé tant de pays, de légendes et d’amour et de me sentir si vide maintenant, si proche du retour. Il me dit de ne pas s’inquiéter, que tout est normal.

Je quitte la Bolivie et regagne le Pérou. Mon avion décolle de Lima et les distances en Amérique du Sud sont énormes. Une escale à Cuzco, ville magnétique qui n’a rien perdu de sa beauté ni de son mystère, malgré sa notoriété.
Des églises baroques et imposantes, on sort des saints qu’on promène dans les rues, des défilés se forment, concerts et danses populaires peuplent la nuit. Je m’imprègne des nombreuses cités incas alentour, grimpe de temples du soleil en temples de la lune, dans des décors grandioses. Ces ruines flanquées à de hautes falaises surplombant la vallée qu’une forêt de nuages cache ça et là, rappellent le faste passé.

Je rêve, m inspire et prie les forces ancestrales, puis m’aventure jusqu’au Machu Picchu, la merveille du monde, la perle du voyage. Sur les hauteurs spectaculaires, repose cette cité mystérieuse et puissante tombée dans l’oubli pendant des siècles. Je puise des forces, demande l’impossible, la brume se lève et se déverse des montagnes.
Devant la pierre sacrée du soleil, des visiteurs à genoux, en larmes, implorant les dieux Incas et leurs pouvoirs magiques, je médite, puise au coeur des choses. Mon voyage s’achève comme un rêve, il me semble que rien de tout cela n’ait existé, rien de tangible, seuls mes cahiers attestent de cette vérité. Une mélancolie m’envahit, il est temps de rentrer, je n’imprime plus rien, tout ce qui devait être dit a été vécu, je n’en peux plus....Je vous écris de Lima, la nuit est grouillante, les lumières des églises m’aveuglent, c’est mon dernier jour de nomadisme, je pense à vous...

Je vous embrasse.
Yanna




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