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Voyages

18 mars 2009

Récits de voyage "Equateur, voyage au centre de la terre"

Mes très chers amis, depuis le dernier message, j’ai quitté la Colombie, j’ai traversé la montagne à cheval avec un jeune et beau berger et nous avons chevauché sur les traces des civilisations 5 fois millénaires, découvert des stèles funéraires aux sculptures splendides qui reposent au pied de canyons vertigineux ou simplement sous un goyavier et il m’est apparut délicieux de mourir dans ce paysage d’origine de l’humanité....


Les chevaux escaladaient la montagne et j’étais fascinée de cette expérience vieille comme le monde.....
Le berger m’a proposé une traversée jusqu’au Pérou de 2 mois mais j’ai remis l’expédition à plus tard, en lune de miel par exemple...

J’ai débarqué en Equateur, un pays d’une richesse ethnique insensée, j’ai vécu dans des villages à 4000 mètres d’altitude où on trouve des marches aux mille couleurs qui semblent toucher le ciel.....
Des indiens aux ponchos de laines multicolores descendent des hauteurs avec des ânes ou des lamas et cette vision d’un autre temps a enflammée mon coeur...
Il y avait aussi une lagune vert- océan qui dort depuis des temps immémoriaux dans le cratère d’un volcan éteint où, à l’aube douce, l’on ne rencontre que des enfants traînant des ânes fatigués.
Il n’y avait que le chant du silence, le sifflement ardent du vent, et une plénitude presque inhumaine, j’ai dégringolé le volcan à une vitesse folle comme habitée par une force inconnue. Le jour est tombé et j’ai contemplé la beauté mourir derrière le voile de la nuit......

Avant de quitter les Andes et les peuples des montagnes, j’ai gravi le grand volcan Cotopaxi jusqu’aux neiges éternelles dont les lumières blanchâtres scintillent sur les roches noirâtres et la terre rouge sang qui glisse jusqu’à la plaine....
A la fin du sentier de glace qui s achève à l’aplomb des crevasses, j’ai rencontré un homme spirituel qui m’a confié, le regard brillant, que les anciens, les Incas , considéraient ce volcan comme un Dieu et venaient sur ces hauteurs, à 5000 mètres d’altitude, prier et implorer l’univers , plus proche des étoiles , du soleil et de la lune.....
Je me suis assise dans la neige, et j’ai invoqué les esprits face à cette vue d’avion, la brume est venue et a tout englobé. Nous sommes descendus main dans la main et j’ai cru mourir. L’homme m’a dit que la brume, à l’instant même de l’invocation, est un signe de présence des esprits, que nous sommes protégés....

Et portée par le vent, j’ai découvert l’amazonie. J’ai vécu dans une communauté Quichua, rencontré un chaman, danseur et musicien qui cherche à faire partager sa culture. J’ai habité dans une cabane au bord d’un fleuve ocre et nous avons sillonné les eaux dans une fine pirogue que de gros serpents guettaient en cette saison de pluies terribles.
Une jungle folle, impraticable nous entourait, et au clair de lune , je recevais les initiations de cette homme charismatique, les yeux en feu, des colliers aux dents de tigre qui lui habillaient le torse nu....
Ce fut comme un rêve étrange et pénétrant....

J’ai poursuivi la route, découvert une tribu de Shuars, qui par le passé était de redoutables guerriers et de célèbres réducteurs de tête.....J’ai vécu dans une famille qui me faisait croire que cette nuit serait ma dernière car le chef allait me couper ma tête, la faire bouillir dans une grande marmite avec une recette secrète pour en faire un joli trophée de victoire qui allait décorer la case austère au coeur de la jungle....
Nous avons ris comme des fous, j’ai écouté des légendes terrifiantes, j’ai appris à me servir de lances et de sarbacanes et nous avons chassé ensemble sur les sommets qui dominent un fleuve aux crocodiles.....
Une nuit, fatiguée de la brousse, des insectes et de l’obscurité humide, j’ai entraîné toute la communauté à faire la fête dans un bar glauque du bord de route ou des camionneurs ivres s’arrêtent pour draguer des filles....
Ce fut une folie, une ambiance décalée et superbe....Au bout de quelques jours de partage, la famille ne voulait pas me laisser partir et ce furent des instants bénis......

J’ai poursuivi encore comme si une intuition me parlait, et j’ai bien fait....
Aux portes de l’amazonie, dans un café au bord de l’eau , j’ai rencontré un voyageur magnifique, un vagabond canadien de 26 ans, au regard paisible et au corps de rêve....J’étais à l’écriture, j’ai abandonné mon ouvrage, nous avons passé des jours radieux dans une cabane devant les berges entourées d’une jungle peuplée de singes voleurs ...Nous avons vécu un amour tendre et profond, à bavarder de la vie en regardant la lune. La musique de la jungle nous berçait, puis une pluie sensuelle est venue..
Il m’a confié que dans son pays il venait de planter son million d’arbres... J’ai trouvé ça si beau, je me suis agenouillé à ses pieds et j’ai embrassé ses mains, je lui ai dit qu il sauvait le monde....
Et nous nous sommes aimés comme dans les films.....Il est parti et j’ai pleuré, je soigne mon coeur et me dirige vers le Pérou....

Je vous embrasse et vous aime comme l’amour....
Votre yanna



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