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Coauteur du livre "Ces immigrés qui ont fait la France", Liesel Schieffer, revient sur le choix des 21 personnalités dépeintes dans son livre et la symbolique qu’elles pourraient représenter. Si elle reconnaît un certain optimisme, elle affirme cependant que les portraits du livre ne sont trop idéalisés, et que les personnages seront non pas l’arbre qui cache la forêt, mais inciterons à la découverte.
Le Titre de cet ouvrage : « Ces immigrés qui ont fait la France » pourrait faire
bondir bon nombre de nos concitoyens français. La tendance est il est vrai
beaucoup plus à la chasse à l’immigré qu’à sa célébration. Des immigrés auraient
donc aider à la construction, au fur et à mesure du temps de la France ?
Bien évidemment. C’est ce que montrent ici les deux auteurs à travers une série
de 21 portraits de grandes figures, allant des plus connus comme Napoléon
Bonaparte et Joséphine Baker aux noms tombés dans un certain oubli comme John
Law ou encore le Général Yussuf. Riche d’une iconographie impressionnante, le
livre expose page après page le parcours de ces immigrés et les actes, pensées
qui ont fait d’eux des êtres exceptionnels.
On apprend ainsi que le premier duc de Normandie au moyen âge, Rollon était
d’origine norvégienne, Catherine de Médicis et le Cardinal Mazarin italiens,
Jacques Necker un suisse, la comptesse de Ségur, Russe, Gambetta originaire de
Gênes, Pierre Sarvognan de Brazza, l’un des plus grands explorateurs français
qui a laissé son nom à la capitale du Congo (Brazzaville), était d’origine
italienne. D’autre comme Marie Curie, d’origine polonaise, Joséphine Baker
d’origine américaine, Romain Gary, le dernier portrait, d’origine lituanienne,
figurent aussi parmi ces grands noms. Malgré des détours historiques très brefs
sur l’histoire de l’immigration en général, ce livre est aussi l’occasion de
découvrir de très belles phrases et photos, qui rendent la lecture très
agréable.
"Je n’ai pas une seule goûte de sang français, mais la France coule dans mes
veines." Romain Gary. "Pour gouverner les français, il faut des paroles
violentes et des actes modérés." Gambetta "Aucune nation, aucune religion ne
peut avoir l’orgueil de se poser comme le modèle type de progrès" Ismaël Urbain.
Hommes d’Etat, scientifiques, artistes, militaires tous « ont œuvré au
rayonnement de la France ». Et ne nous trompons pas, c’est bien là le fil
conducteur du livre, si bien que l’on pourrait reprocher aux auteurs une
certaine subjectivité qui tend à orienter le lecteur vers une idéalisation
complète des personnages. C’est notamment le cas pour le portrait de Félix
Eboué, (premier gouverneur noir de l’empire colonial) ou encore le Bachaga
Boualam (un chef harki au service de la France). Bien des lectures peuvent être
faites sur la plupart de ces différents personnages, et seraient nécessaires
afin de tendre vers des portraits les plus complets et objectifs possibles.
On peut aussi regretter que plus de perspectives d’avenir ne soient pas
proposées et que toute une partie des problématiques de l’immigration ne soient
pas abordés. Les auteurs affirment en conclusion que "Le creuset français a
jusqu’à présent relativement bien fonctionné et continue de le faire." Si cette
affirmation peut en laisser sceptique plus d’un, Liesel Schieffer, co-auteur du
livre, affirme être optimiste et pense que cela ne relève pas de l’utopie. Elle
a répondu à nos questions. (Voir ci-dessous son interview).
Liesel Schieffer : "j’espère ne pas être seulement guidée par l’utopie"
Vous venez de publier le livre "Ces immigrés qui ont fait la France". Comment
avez-vous choisi les 21 personnalités (on va de Napoléon à Marie-Curie en
passant Joséphine Baker...) venues d’ailleurs et qui ont marqué l’histoire de
France ?
C’est mon co-auteur, Dimitri Casali, historien de formation comme moi-même, qui
est à l’origine de ce projet. Vous n’aurez pas manqué de remarquer en observant
nos noms que Dimitri est d’origine italienne et moi allemande... Beau clin d’œil
à notre sujet ! Dimitri souhaitait mettre en valeur quelques personnalités
d’origine étrangère qui, tout au long de l’histoire de France, puisque nous
commençons avec Rollon, le pirate norvégien du 9ème siècle jusqu’à Romain Gary,
l’écrivain du XXème siècle, ont participé à la construction et au rayonnement du
pays, par une action politique, culturelle, scientifique ou artistique.
Certaines de ces personnalités ont œuvré dans plusieurs domaines, comme, par
exemple, l’Italien Mazarin, qui fut à la fois un politique et un mécène,
l’Américaine Joséphine Baker d’abord connue pour sa carrière artistique avant de
s’engager dans la Résistance aux côtés du général de Gaulle, ou le Lituanien
Romain Gary, écrivain mais aussi aviateur de la France libre, puis diplomate.
Tous ces gens sont venus en France avec des motivations différentes, certains
par choix, d’autres par obligation, mais tous sont finalement restés et devenus
de grands personnages.
Parmi les 21 personnalités choisies dans votre ouvrage, on retrouve deux
personnalités noires qui sont Joséphine Baker et Félix Eboué. Pourquoi avoir
choisi ces deux-là plutôt que d’autres ? Quels rôles ont-ils joué à leur époque
?
Vous oubliez Ismaÿl Urbain, trop méconnu encore, que j’ai découvert en visitant
une exposition sur le Saint-Simonisme à la bibliothèque de l’Arsenal, à Paris.
Cet homme naît à Cayenne en 1812, au moment où la petite enclave française
voisine du Brésil est occupée par les troupes du colonel Marquez, un Portugais
soutenu par la flotte anglaise. Enfant d’un armateur marseillais et d’une
mulâtresse libre, Apolline - ainsi baptisée en souvenir de l’officier de marine
français venu annoncer en Guyane l’abolition de l’esclavage votée par la
Convention en 1794 - Thomas Urbain Apolline vécut douloureusement sa double
appartenance raciale, ce qu’on peut imaginer aisément dans le monde colonial
d’alors. Les poésies qu’il écrit dans sa jeunesse trahissent son malaise :
“Les hommes de couleur ne sont pas blancs. Ils ne sont pas noirs. Ils ne sont
pas esclaves. Ils ne sont pas maîtres.” A Paris, où le jeune homme commence une
carrière de journaliste, il trouve sa voie en adhérant au Saint-Simonisme, ce
mouvement utopiste héritier de la Révolution française et du romantisme. Urbain
publie en 1839 avec son ami Gustave d’Eichthal les “Lettres sur la race noire et
la race blanche”, où son co-auteur raconte :
“Urbain, très jeune encore, arrivait de Cayenne et en rapportait un vif
sentiment des souffrances infligées à l’homme de couleur par le préjugé de
peau.” Plus tard, Urbain suit les adeptes du mouvement saint-simonien en Egypte
où il se convertit à l’islam sous le nom d’Ismaÿl, en épousant une ancienne
esclave abyssinienne. Ne reniant pas sa foi chrétienne, Urbain est aussi séduit
par la loi musulmane, qui, selon lui, prescrit “aux croyants de traiter leurs
esclaves avec humanité”. Sa connaissance de la langue arabe lui permet de
devenir le conseiller de Napoléon III sur la question algérienne. C’est lui
l’instigateur de la politique du “Royaume arabe” de l’empereur à qui il souffle
:
“Notre premier devoir est de nous occuper du bonheur des trois millions d’Arabes
que le sort des armes a fait passer sous notre domination.” Même si, bien sûr,
le propos reste colonialiste, il faut le replacer dans le contexte où il figure,
au contraire, comme humaniste et extrêmement moderne. Urbain meurt d’ailleurs
pauvre et malade, rejeté des “colonistes” comme on appelle alors les colons et
dénoncé par l’archevêque d’Alger, monseigneur Lavigerie, comme “anti-français”
et “anti-chrétien”.
La personnalité attachante d’Ismaÿl Urbain m’a semblé particulièrement
représentative de la très inconfortable position des “gens de couleur” au XIXème
siècle, et j’ai trouvé intéressante la faculté qu’a eue cet homme à transformer
son mal-être en énergie positive, en réflexion et en action. Changeant de
continent et de religion, il a tenté de reconstruire une société plus juste en
terre de France, puisque telle était considérée alors l’Algérie. Le projet fut
certes un échec mais la démarche d’Urbain, dont témoignent les écrits, n’en
reste pas moins noble.
Le cas de Joséphine Baker est différent. Avant d’entreprendre des recherches
pour ce livre, j’avais une vision incomplète de la personnalité de cette femme
que je connaissais surtout comme une grande meneuse de revue. C’est en lisant
ses mémoires et ses interviews que j’ai découvert la pertinence de sa réflexion
sur le racisme et la xénophobie, moteurs de son engagement dans la Résistance,
de sa participation à la marche des Droits civiques pour les Noirs en 1963 aux
côtés de Martin Luther King et de la composition de sa “famille arc-en-ciel”,
ces douze enfants de nationalités et de religions différentes qu’elle a adoptés
à la moitié de sa vie. En cela, Joséphine Baker pensait adhérer à la généreuse
tradition des Lumières, doctrine de son pays d’adoption.
Arrivée à Paris lors d’une tournée de la “Revue Nègre” en 1925, Joséphine
s’émerveille, auprès de son “collègue” le clarinettiste Sidney Bechet, déjà venu
en Europe lors de la Première guerre mondiale, de l’absence de séparation entre
Noirs et Blancs. Tout de suite, elle se dit conquise par la France et ses
habitants qui l’acclament, trop heureuse d’échapper à la ségrégation qui règne
en Amérique et qu’elle stigmatise ainsi dans ses mémoires :
“Une enfance noire, c’est toujours un peu triste”. Même sur les scènes
françaises pourtant, il lui faudra des années pour incarner Joséphine de
Beauharnais ou Marie Stuart. A la jeune Noire qui ne connaît que les hivers
froids de Saint-Louis dans le Missouri, on confie d’abord les rôles de “Fatou
l’indigène“ qui descend de son arbre, ceinte de sa ceinture de bananes pour
réveiller un explorateur. Au cinéma, elle est “Papitou la Négresse” dans “la
Sirène des Tropiques” et la “Zouzou” de Jean Gabin dans l’évocateur “Princesse
Tam-Tam” de 1934. Cette même année, Joséphine Baker remercie pourtant Sacha
Guitry qui lui fait jouer “la Créole” d’Offenbach : “Il a su que j’étais une
comédienne, pas une grenouille de couleur” et n’hésite pas à manier l’humour
pour exprimer son exaspération vis-à-vis du monde blanc, incapable de sortir des
représentations coloniales :
“On se figure que je sors de la forêt vierge. Je crois que, dans des coins de
pays -en Hollande ou ailleurs - on aurait pu m’offrir gentiment du verre pilé...
L’instinctif primitif, n’est-ce pas, la folie de la chair, le tumulte des sens,
l’animalité en délire... Tout ce qu’on a pu écrire ! C’est quelque chose
l’imagination blanche quand il s’agit des Noirs. Et les préjugés sont partout
les mêmes. Mais maintenant, Paris, c’est ma forêt vierge.” Française de cœur et
d’esprit, elle reste consciente du chemin à faire à sa nation d’adoption pour
donner aux Noirs la place qui leur revient lorsqu’elle remarque en 1949 :
“Il y a en France, à Paris, de nombreux artistes de couleur qui sont de très
bons artistes et même de très bons Français. Malheureusement, on ne veut pas ou
on ne sait pas les employer.” Cette position particulière donne à l’artiste une
remarquable prescience de ce qu’est la doctrine nazie, son racisme et sa
xénophobie, c’est probablement pourquoi Joséphine Baker, française depuis son
mariage avec un Lyonnais en 1937, joue dès 1939 les ambassadrices du général de
Gaulle en Afrique du Nord.
Félix Eboué, au sujet duquel je serai moins prolixe car il est l’un des
personnages choisis par Dimitri Casali, a eu le même engagement lorsqu’il
proclame le ralliement du Tchad à la France libre, le 26 août 1940 depuis la
mairie de Fort-Lamy où il est gouverneur. Et je pense même que la vocation
coloniale de ce Français des colonies - Félix Eboué est natif de Cayenne
considérée par certains comme un paradoxe, est la preuve de la totale
intégration d’une personnalité qui aurait pu avoir des raisons de ne pas se
sentir vraiment à sa place au sein de la société française.
Est-ce que les portraits que vous faites de certaines grandes figures ne sont
pas trop idéalisés alors que plusieurs lectures pourraient être faites de ces
personnages ?
Il ne me semble pas que nos portraits soient idéalisés. Ce qui est certain,
c’est que les gens qui laissent une trace dans l’histoire ont tous la
caractéristique d’avoir de fortes personnalités et une grande volonté. Tous les
bâtards n’ont pas eu l’énergie, ni l’occasion, d’être chef de guerre dans un
pays étranger à l’instar du maréchal de Saxe, enfant illégitime du prince
électeur Frédéric-Auguste, devenu grand maréchal de France, ni tous les pauvres
ne se sont transformés en artistes réputés comme Rachel, petite Bohémienne
devenue la grande tragédienne de la Comédie française.
Mais ils sont de bons exemples de destinées réussies, en dépit de démarrages
presque toujours difficiles, de parcours chaotiques de personnes ayant toutes
les raisons d’être handicapées dans leur existence, parce qu’exposés à la
xénophobie, au mépris social ou au racisme, ces parangons de la bêtise humaine.
J’aimerais que ces récits puissent être des “moteurs” pour des gens d’origine
étrangère ou Français mais dont la couleur de peau ou le statut social - ou les
deux ! - représente une difficulté supplémentaire dans une société qui commence
à peine à prendre conscience de sa diversité. Et surtout de la valeur de sa
diversité.
Pour cela, l’Education nationale, de l’école primaire à l’université, doit
s’ouvrir à l’étude de l’histoire extra-européenne, ce qui n’a pas été assez
développé jusqu’ici. Mais je crois qu’elle commence à le faire, comme le secteur
culturel qui consacre de plus en plus de livres ou de films au monde entier et
tout particulièrement en France, aux anciennes colonies. Encore faut-il pour
cela parvenir à sortir des clichés qui sont ancrés dans nos esprits
(ex-coloniaux et ex-colonisés), ce qui n’est pas toujours aisé ou volontairement
maintenu par une sorte de nostalgie vaine.
Dans la même lignée, quand vous affirmez que « le creuset français a jusque-là
bien fonctionné », ne peut-on pas considérer les personnalités de ce livre comme
« l’arbre qui cache la forêt » surtout si on met cela en perspective avec la
situation des immigrés et descendants d’immigrés aujourd’hui en France ?
Ce livre, je l’espère, ne contribuera pas à cacher la forêt mais plutôt à s’y
promener pour y faire des observations et découvrir des clairières et les gens
qui peuplent cette forêt. Oui, il me semble que le creuset français a
relativement bien fonctionné jusqu’ici. L’Esprit des Lumières, symbole, depuis
plus de deux cents ans, de liberté, d’ouverture et de réflexion, a attiré des
individus du monde entier, intellectuels ou pas, qui ont choisi de venir en
France contraints ou pas, mais toujours heureux d’arriver dans ce “havre de
paix” et de reconstruction.
La France est régie par le droit du sol et non du sang et déjà, en 1515, un
décret du Parlement de Paris annonce que « Tout enfant né sur le sol de France
de parents étrangers est considéré comme français.” L’Etat français, hormis
l’épouvantable période collaborationniste de l’Occupation, qui n’a pas hésité à
livrer des Juifs et des étrangers aux nazis allemands, s’est toujours fait un
devoir d’accueillir sur son sol les réprouvés, les pourchassés. Cela va des
aristocrates italiens du XVIème siècle fuyant les guerres des ligues, en passant
par les Ecossais exilés face à l’oppression des Protestants jusqu’aux Arméniens
rescapés du génocide de 1915. Toutefois, entre la volonté des gouvernements et
la réaction des populations, l’écart a souvent été grand.
Car le mauvais côté de l’homme, avec son éternelle peur de l’autre, aboutit trop
souvent à des situations indignes. Polonais, Belges et Italiens, arrivés dans le
grand mouvement de la révolution industrielle, ont tous connu la haine xénophobe
allant parfois jusqu’au meurtre. Certes, la lenteur avec laquelle “les minorités
visibles” sont réellement intégrées dans la société et sa représentation est
affligeante mais on peut espérer être sur le bon chemin, tant au niveau
politique que culturel.
Quand je vois l’enthousiasme, vis-à-vis de la France, des immigrés du monde
entier avec lesquels je suis amenée à travailler dans le cadre de l’Atelier de
Formation de Base d’Emmäus à Paris - qui aide des étrangers à apprendre le
français - je me dis que ce pays doit rester soucieux de retrouver cette ligne
généreuse qui l’a souvent conduit. Et je n’ai malheureusement pas l’impression
que l’actuel gouvernement s’en inspire, plutôt enclin à suivre les sirènes du
rejet de l’autre par sa politique anti-immigration, sa poursuite des
sans-papiers mais aussi sa manière de continuer à stigmatiser et tenir à l’écart
des populations pauvres parquées à la périphérie des villes et de la société
privilégiée.
Alors, je m’interroge et espère ne pas être seulement guidée par l’utopie...
Mais je ne le crois pas, car la France de demain est forcément composée par
tous, gens du “vieux creuset” et nouveaux arrivants, et par une volonté
déterminée de continuer à construire un projet ensemble. L’identité nationale
n’est pas une idée figée mais une recomposition permanente. « La patrie, c’est
là où on est aimé” écrivait Lermontov. Tous les personnages du livre l’auraient
certainement approuvé pour la France, leur patrie d’adoption.
Lectures complémentaires :
“Les mémoires de Joséphine Baker” recueillis par Marcel Sauvage, avec 29
dessins de Paul Colin, Paris, éditions Dilecta, 2006.
“Joséphine Baker, le regard d’un fils”, Brian B. Baker et Gilles Trichard,
éditions Patrick Rolin, Paris, 2006.
“Ismayl Urbain, une autre conquête de l’Algérie”, Michel Levallois,
Maisonneuve & Larose, Paris, 2001.
“Les écrits autobiographiques d’Ismaÿl Urbain, homme de couleur,
saint-simonien et musulman (1812-1884)”, Maisonneuve & Larose, Paris, 2004.
“Félix Eboué”, Elie Castor et Raymond Tarcy, Félix Eboué, l’Harmattan, Paris,
1984.
Source : grioo.com