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Baïfall Dream au salon Who's next
Édition du 22-05-2011
 
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Slams & Poésies

31 octobre 2005

Selection de Véronique Petetin

« Bienvenue » me dit il en ouvrant la porte. Je suis venue, oui. Mais je ne sais pas si j’ai bien fait. L’entrée de son appartement est encombrée : un carton sur lequel est écrit « vaisselle », des baskets d’enfant, une patinette. Au plafond sèche un bouquet de roses en guise d’abat-jour. Je le suis vers une porte. Nous marchons sans bruit. Après avoir franchi la porte en tournant doucement la poignée, nous entrons en réalité dans la cuisine qu’il éclaire subitement en tournant un bouton. L’odeur de ratatouille chaude me réjouit, car il est tard et je n’ai pas dîné. Il m’indique à voix basse que ses enfants dorment à côté. Je chancelle et hésite car cela fait si longtemps qu’on ne m’a pas invitée à m’asseoir, si longtemps que je ne suis pas entrée dans un appartement où il semble faire bon vivre. La tiédeur surtout me surprend. Si elle allait fragiliser la carapace que je me suis construite pour survivre dans la rue, que deviendrais-je ?

« Bienvenue » me dit il en ouvrant la porte. Je suis venue, oui. Mais je ne sais pas si j’ai bien fait. L’entrée de son appartement est encombrée : un carton sur lequel est écrit « vaisselle », des baskets d’enfant, une patinette. Au plafond sèche un bouquet de roses en guise d’abat-jour. Je le suis vers une porte. Nous marchons sans bruit. Il se retourne vers moi et me jette un regard entendu. Je m’empare du carton le plus proche, dans lequel je glisse les quelques magazines qui traînent sur la commode. Puis je l’emporte vers l’ascenseur dont le mécanisme résonne dans la cage d’escaliers. Quand soudain tout s’éteint, ainsi que l’ascenseur, j’y reste bloquée avec le carton, ce carton. Je lirais bien un des magazines que j’y ai glissés mais aucune lumière, et pas de briquet. Alors j’attends, seule, dans le noir. Une chose est sûre, je suis venue mais je sais que je n’ai pas bien fait.

1 -

Sous les palétuviers, J’ai rencontré Un vieil ermite Qui m’a conté Comment l’Afrique, Avant d’être un continent Souffrant, Avait été aussi Celui d’un ordre éternel Où les ancêtres Et les anciens Rythmaient la vie Par leurs rites Et leurs coutumes. Sous les palétuviers, Le vieil Africain esseulé. Toute l’Afrique m’a raconté, Toutes les croyances de ces années, Comment l’Afrique a dérivé...

Sous les palétuviers, J’ai rencontré Un vieil ermite Qui m’a conté Comment l’Afrique A travers tout ce temps Au-delà du continent Charrié par les fleuves, Porté par le son des animaux, Résonnait encore de La mémoire d’un autre temps. Un temps où l’homme faisait partie d’un tout indivisible. Il n’avait pas à protéger la nature, il était dans la nature.

2 -

Il est heureux que nous soyons accueillis ici dans un local qui porte le nom de « Teranga », c’est à dire « Bienvenue ». Et le hasard a voulu que l’un des premiers mots que j’ai prononcés en entrant soit celui de « la paix », énoncé comme un souhait. Le restaurant est un dépaysement africain. J’explique à Véronique et à ses hôtes d’où me vient cette connaissance d’une langue sénégalaise. Je m’asseois à une table avec ma femme. C’est elle qui m’a emmené ici pour un atelier d’écriture. Je n’ai jamais « écrit ». Je me sens le bienvenu. C’est amusant de recevoir tous ces textes ! L’un parle de bouquet de roses séchées, l’autre de gazon et de gravillons. Ca frise le bucolique à ma droite, tandis que je m’étais plutôt lancé dans un débat d’ordre linguistique. Enfin ! Il va bien falloir que je finisse... Mais que dire ? On verra, inch’ allah !

Il est heureux que nous soyons accueillis ici dans un local qui porte le nom de « Teranga », c’est à dire « Bienvenue ». Et le hasard a voulu que l’un des premiers mots que j’ai prononcés en entrant soit celui de « la paix », énoncé comme un souhait. « La paix avec toi », « la paix seulement », cela suffit car avec la paix arrivent la prospérité, le vin de palme et le bonheur. La paix est donc teranga, c’est à dire bienvenue ici comme là. La paix des coeurs bienvenue en un lieu qui la porte, où je ne suis pas venu par hasard.




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