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Économie

13 octobre 2006

Les initiatives se multiplient pour promouvoir l’activité économique dans les banlieues

Lancement officiel du plan d’action pour les banlieues, "Entreprendre en banlieue", conçu il y a un an, après l’embrasement des cités en France.

"Ce fut long à mettre en place, avec une telle bureaucratie, mais nous avons eu le soutien de tous, particulièrement de l’Etat, pour financer ce que nous croyons être une bonne idée", explique Jacques Attali,ancien conseiller de François Mitterrand, devenu en 1998 le président de PlaNet Finance, une ONG spécialisée dans le microcrédit - ces prêts sociaux accordés à des chômeurs ou des exclus pour créer leur entreprise.

Lancé avec des fonds publics - de la Direction interministérielle à la ville et la Caisse des dépôts et consignations - et privés, "Entreprendre en banlieue" a vocation à "susciter, dans les zones urbaines sensibles (ZUS), des créations de petites entreprises répondant à des besoins de proximité et manquants (ateliers de couture, de réparation, petits restaurants, etc.)".

Le principe est simple : des antennes locales sont créées au sein même des quartiers, sous la forme d’Associations de détection et d’accompagnement de micro-entrepreneurs (Adam), confiées à des responsables "issus de ces cités, et qui ont réussi".

Leur mission est d’informer les jeunes des possibilités de s’en sortir, en les dirigeant vers les réseaux de crédit spécialisés (l’ADIE de Maria Nowak, France Active de Christian Sautter, etc.). "Pas question de rester passif, assure M. Attali. Nous irons chercher les jeunes là où ils sont, dans les immeubles, les bureaux de poste..."

Selon PlaNet Finance, en effet, l’un des freins au développement du microcrédit en France est
de faire se rencontrer l’offre et la demande : "Ceux qui proposent des mécanismes de soutien et les micro-entrepreneurs."
Le projet démarre sur seulement cinq sites sensibles - Aulnay-sous-Bois, Sevran, Mantes-La-Jolie (Val Fourré), Vénissieux (Les Minguettes) et un dernier, encore à l’étude, aux Antilles - mais pourra être généralisé s’il réussit, affirme le président de PlaNet Finance, en se réclamant du soutien du gouvernement et des maires de banlieues.

L’objectif est de créer entre 120 et 150 micro-entreprises la première année, pour un coût de 3 500 euros par entreprise, puis de monter rapidement en puissance. Une contribution à la politique du ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, défenseur du projet, dont l’ambition, à travers la loi de cohésion sociale de janvier 2005, était de créer 10 000 entreprises individuelles dans les ZUS "à l’horizon 2006".

Sans exagérer la portée de son projet, M. Attali estime qu’il constitue une réponse, parmi d’autres, à la crise des banlieues. Il se dit convaincu que le microcrédit - "une technique née dans les pays du Sud, mais intéressante pour le Nord" - contribuera à la réhabilitation de quartiers sinistrés économiquement et socialement. L’accès au crédit des exclus constitue, selon lui, un vecteur d’intégration efficace.

En marge de ce plan d’action, PlaNet Finance explore d’autres pistes pour créer de l’activité économique dans les banlieues, comme le lancement d’un fonds d’investissement dit "de capital risque", qui prendra des participations en capital dans des micro-entreprises après un an de vie, "au moment où celles-ci en ont le plus besoin". Le nom est trouvé, FinanCités, les financements aussi : 5 millions d’euros, disponibles en janvier 2007.

DIVERSITÉ DANS LE RECRUTEMENT

M. Attali estime-t-il que la mobilisation publique et privée s’organise, un an après l’embrasement des banlieues ? "Il n’y a pas eu de plan Marshall des banlieues, répond-il, mais les initiatives se multiplient, et j’espère que nous pourrons aller beaucoup plus loin, quelles que soient les circonstances politiques." L’ONG, qui compte parmi ses donateurs privés réguliers Orange et Sanofi, remarque que ses projets en France retiennent désormais autant d’intérêt, sinon plus, que ses ambitions en Chine et au Bénin.

De fait, l’initiative de PlaNet Finance n’est pas isolée. Les grandes entreprises s’engagent publiquement à favoriser "la diversité" dans leur politique de recrutement. Les banques - BNP Paribas, Crédit agricole, etc. - augmentent leurs crédits aux réseaux spécialisés de financement des exclus sociaux, ne rechignant plus à accepter leur part de responsabilité dans l’exclusion bancaire.

De son côté, le financier Marc Ladreit de Lacharrière, président de Fimalac, a annoncé, fin septembre, la création d’une fondation "Culture et diversité" visant à soutenir l’intégration, par la culture, de jeunes issus des quartiers difficiles et de lycées de zones sensibles d’Ile-de-France.

Dans son rapport 2006 sur la responsabilité sociale des grandes entreprises françaises, l’agence CFIE-conseil estime cependant qu’en dépit "des progrès" constatés, "la plupart des entreprises éprouvent encore de nombreuses difficultés à appréhender leurs liens avec la société dans laquelle elles évoluent".

Anne Michel



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